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Il y a 50 ans, la 1ère greffe de cœur


À l’époque, aucune équipe chirurgicale ne s’est encore risquée à pratiquer une allogreffe cardiaque, c’est-à-dire une transplantation cardiaque impliquant un organisme donneur appartenant à la même espèce biologique que le receveur, à la différence d’une xénogreffe qui signifie que le receveur et le donneur n’appartiennent pas à la même espèce. La première tentative d’une xénogreffe avait été réalisée quelques années auparavant. Le 18 janvier 1964 à l’Université du Mississippi, le chirurgien James Hardy transplanta le cœur d’un chimpanzé dans le corps d’un homme de 36 ans qui avait été poignardé 9 mois auparavant. Le cœur du chimpanzé ne tenu qu’une heure dans la cage thoracique du patient Boyd Rush, lequel ne reprit jamais conscience. Le greffon était bien trop petit pour la corpulence d’un Homo sapiens adulte.

Comme c’est souvent le cas, un concours de circonstances allait offrir une chance à Louis Washkansky. En effet, Denise Darvall, 25 ans, fut victime d’une importante fracture crânienne après avoir été violemment heurtée par un camion dans une rue de Cape Town. Cependant, son cœur était intact et continua de battre. De nos jours, la médecine déclarerait un état de mort cérébrale pour la jeune femme, mais en 1967, il n’existait pas encore de consensus sur la définition d’un tel état. C’est 1 an plus tard, en 1968, qu’un comité regroupant des spécialistes à la Harvard Medical School détermina les critères d’une mort cérébrale (The Harvard criteria of brain death). Après avoir expliqué au père de Darvall que sa fille ne reprendrait jamais conscience, Barnard réussit à avoir l’accord de prélever le cœur de la jeune femme, mais il aurait fallu attendre que le cœur de celle-ci cesse de battre. 42 ans après l’opération, Marius Barnard, frère de Christiaan et lui aussi chirurgien, révéla qu’il lui avait fortement suggéré de forcer le cœur à s’arrêter en injectant du potassium. Pour les critères de l’époque, Denise Darvall était officiellement morte.

Avec l’aide d’une trentaine de personnes (chirurgiens, anesthésistes, infirmières), l’opération dura 6h00, et, au petit matin, Louis Washkansky avait un cœur de 25 ans qui pompait du sang dans ses veines et artères. Dans les premiers temps, l’état de santé du greffé oscillait, mais aucune complication majeure n’était apparue. Cependant, au 13e jour, son état s’était détérioré sensiblement avec une probable infection aux poumons, son organisme n’ayant pratiquement plus de barrière immunitaire à cause du traitement immunosuppresseur visant à éviter le rejet du greffon par son système immunitaire. Louis Washkansky décéda d’une pneumonie 18 jours après l’opération, mais entra dans l’histoire en ayant été le premier être humain à recevoir un cœur viable d’une autre

Et dans le futur ?

Même si la technologie doit encore faire de gros progrès, la recherche avance concernant la conception de cœurs artificiels. Sur Hinnovic, nous avions déjà parlé du cœur artificiel de la société française Carmat. Après cinq tentatives infructueuses s’étant soldées par la mort des patients et une suspension de 6 mois par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en France, Carmat espère lancer son cœur artificiel en 2019. Parallèlement, l’entreprise états-unienne SynCardia commercialise déjà un cœur artificiel destiné à être implanté chez des patients en attente d’une allogreffe. Plus impressionnant encore, une équipe de chercheurs du laboratoire de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ ) en Suisse a mis au point un cœur en silicone qui imite la texture d’un cœur humain, mais ce cœur artificiel est encore très loin de pouvoir supporter les 100 000 battements par jour d’un cœur humain, la prothèse ne résistant qu’environ 30  minutes ou 3000 battements, comme nous le mentionnions dans cette capsule Hinnovic.

Autre avenue potentiellement prometteuse, la technique du « scaffolding », expérimentée par une équipe de recherche du Massachusetts General Hospital. L’idée est d’utiliser un cœur viable et de littéralement le « décellulariser », c’est-à-dire d’enlever une grande partie des cellules qui constituent sa structure externe. Après une semaine passée dans une soupe chimique, ne reste que la structure interne du cœur, son « échafaudage ». L’étape suivante consisterait à reconstruire certaines parties du cœur à l’aide de cellules souches pluripotentes, un type de cellules souches qui peut générer quasiment l’ensemble des types cellulaires d’un organisme. La présentation vidéo de Nature ci-dessous explique ce que cherche à réaliser l’équipe de Boston :




Jérémy Bouchez

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