Sexposer vise particulièrement les jeunes âgés entre 16 et 25 ans, « un groupe chez qui on remarque une explosion des cas d’ITSS », signale Pierre-Yves Comtois, coordonnateur à la diffusion de l’information et au soutien éducatif du PVSQ. En effet, depuis 1997, les cas de chlamydia et de gonorrhée ont triplé au Québec. La syphilis, pratiquement rayée de la carte, est revenue en force : on dénombrait 9 cas en 1997 contre 636 en 2011. « Au départ, c’était une infection qui frappait surtout les jeunes hommes gais et bisexuels. Maintenant, elle touche aussi les hommes hétérosexuels et les femmes », indique M. Comtois. Quant au VIH, on a répertorié 319 nouveaux diagnostics en 2012. « C’est stable, mais ça demeure quand même beaucoup », commente le coordonnateur.
L’absence d’éducation sexuelle à l’école et la banalisation des ITSS et du VIH expliqueraient en bonne partie le phénomène. « Il y a une réticence dans notre société à parler de sexualité, estime Pierre-Yves Comtois. Résultat : plusieurs entretiennent de fausses idées à l’égard des ITSS. Certains croient par exemple qu’on peut en guérir complètement, ce qui est vrai pour la chlamydia et la gonorrhée – si elles sont dépistées à temps – mais pas pour l’herpès. » Il n’est donc pas étonnant que la majorité sinon l’entièreté des appels reçus sur la ligne d’écoute du PVSQ porte sur les risques encourus!
La nature de ces questions et les idées reçues à propos des ITSS et du VIH ont ainsi déterminé le contenu de l’application qui a été révisé par le Dr Harold Dion de la clinique l’Actuel. « Le calculateur de risques de Sexposer est directement inspiré de l’évaluation que nous faisons nous-mêmes avec les gens qui nous appellent », explique Pierre-Yves Comtois. L’utilisateur est-il un homme ou une femme? Quel est le sexe de son ou sa partenaire? Quelles sont ses pratiques sexuelles – masturbation avec ou sans échange de liquides, sexe oral, sexe vaginal, sexe anal, etc.? En moins de deux, l’utilisateur obtient le niveau de risque auquel il s’expose. « Comme on peut le voir, l’appli vise les jeunes, mais peut être utile à n’importe qui ayant une vie sexuelle », remarque M. Comtois.
Riche en information, joliment illustrée – par l’artiste montréalais Zilon – ludique, facile à utiliser : Sexposer n’a reçu que de bons commentaires depuis son lancement en mai 2013. Malheureusement, l’appli n’a été téléchargée que 2000 fois depuis, ce qui demeure bien peu, déplore Pierre-Yves Comtois. « Il est vrai que nous n’avions pas beaucoup de moyens pour en faire la promotion et que nous avons été obligés de compter sur le bouche-à-oreille », dit-il.
Pour le moment, l’application est surtout utilisée par le milieu communautaire. Le coordonnateur aimerait bien que les maisons de jeunes, les infirmières dans les écoles secondaires, les services à la vie étudiante des cégeps et des universités, les hôpitaux, les services sociaux et les centres jeunesse la fassent connaître à leur clientèle. Sexposer devrait toutefois rejoindre un public plus large prochainement, car une version anglaise et une version pour téléphone Android seront disponibles d’ici un an. « La traduction est terminée, indique Pierre-Yves Comtois. Quant à la version Android, nous sommes toujours à la recherche d’un programmeur bénévole. » Les développeurs au grand cœur peuvent communiquer dès maintenant avec le PVSQ!
Pour télécharger l’application Sexposer : https://itunes.apple.com/ca/app/sexposer/id648945738?mt=8 Portail VIH/sida du Québec : http://pvsq.org/
À voir ou revoir Notre dossier sur la Santé et internet et notre dossier sur Des solutions pas si banales!
Auteure :Marie Lambert-Chan
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