C’est en tout cas ce qu’il ressort d’une expérimentation impliquant des robots autonomes et des enfants âgés de 12 à 18 mois.
Linda Smith, professeure au Department of Psychological and Brain Sciences de l’Indiana University Bloomington College of Arts and Sciences, a fait appel à un spécialiste en robotique et à une chercheure en psychologie du développement afin de mieux comprendre les liens entre la posture du corps et la mémorisation d’objets ou de mots associés à une posture particulière. Les robots utilisés lors de l’expérience modélisent les premiers stades d’apprentissage et de développement des tout-petits. Ce type de robots est issu du champ de la robotique épigénétique qui «cherche à concevoir une machine qui soit capable de progresser par ses propres moyens, en faisant ses expériences propres dans l’environnement qui lui est donné : bref, un robot au développement autonome. Ce n’est pas une machine à laquelle le concepteur rajoute une structure pour l’améliorer, c’est une machine conçue pour évoluer par elle-même en tirant bénéfice de ses interactions avec l’environnement physique ou social.» (Revel, 2007. – lire une définition plus détaillée en suivant ce lien, paragraphe 13).
Comme le précise Linda Smith, «il existe nombre d’études qui suggèrent que la mémoire est fortement liée à la position d’un objet. En revanche, aucune n’a encore démontré que la position du corps joue un rôle si important de sorte que si vous modifiez votre position corporelle, vous oubliez le mot ou l’objet.»
L’expérience a consisté à disposer deux objets différents à droite et à gauche du robot et d’associer chaque objet avec une position de celui-ci. Par la suite, les deux objets ne sont plus présents, mais le champ de vision du robot est orienté à gauche et on lui envoie une commande pour lui faire adopter la posture associée à l’objet précédemment présent. Finalement, on fait réapparaître les deux objets, mais cette fois-ci au même endroit sans nommer chaque objet. Le robot se tourne alors vers l’objet associé au nom. Le robot a systématiquement établi une connexion entre l’objet et son nom à 20 reprises, mais lors de tests subséquents où la cible à reconnaître et l’autre objet étaient placés dans les deux endroits possibles, afin donc de ne pas être associé à une posture spécifique, le robot ne parvenait pas à reconnaître le bon objet. Avec quelques légères différences, les mêmes résultats sont ressortis avec le groupe d’enfants, suggérant un lien entre la posture corporelle et la reconnaissance de noms ou d’objets (visionnez l’expérimentation en vidéo plus bas).
Ces résultats pourraient aider à mieux comprendre le rôle du corps et de son interaction spatiale avec l’environnement dans le fonctionnement de l’apprentissage et de la mémoire. De plus amples recherches sont néanmoins nécessaires afin de mieux déterminer si ce lien entre la posture corporelle et le processus cognitif ne s’applique qu’aux enfants ou s’il est présent également chez les adultes. Finalement, cela ouvre de nouvelles voies de recherche en trouble du développement impliquant des problèmes de coordination motrice.
Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue en accès libre PLOS ONE sous le titre «Posture Affects How Robots and Infants Map Words to Objects».
Auteur :Jérémy Bouchez Hinnovic.org
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