Mardi 4 février avait lieu le colloque de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA), organisé en collaboration avec les Fonds de recherche du Québec et Ubisoft La Forge sur la thématique « partager les savoirs pour une innovation responsable ».
Innovation responsable et intelligence artificielle, Hinnovic ne pouvait pas manquer un tel événement ! La matinée était inattendue : il n’était pas question des enjeux et des failles de l’IA en matière de responsabilité (gestion des données, impact environnemental, biais de genre, etc.) mais plutôt des impacts sociétaux positifs que son utilisation peut d’ores et déjà générer.
Pendant la matinée, cinq conférences à la croisée des arts, de l’IA et du numérique ont apporté un regard créatif sur les impacts sociétaux, présents et futurs, à l’ère des données massives.
L’IA et le numérique comme terreau d’inspiration artistique
Les deux premières interventions étaient centrées sur les transformations sociétales insufflées par la fulgurante ascension de l’IA et du numérique dans nos vies et qui représentent une source d’inspiration artistique particulièrement prolixe. Alors que le projet AI-Ship, les nouveaux états d’être, rassemblait en duo un chercheur et un artiste pour questionner l’articulation des relations et des rôles entre humains et machines, le Centre Bang du Saguenay-Lac-Saint-Jean remettait en question les modèles de gouvernance via un système de pouvoir autonome et décentralisé, la crypto-monarchie, gérée par une chaîne de blocs.
Mieux comprendre la nature pour recréer un équilibre
Les deux conférences suivantes se concentraient sur notre rapport à la nature et à la façon dont l’IA et le numérique peuvent changer notre environnement de manière plus positive. En première partie, voir le fleuve Saint-Laurent comme on ne l’a jamais vu jusqu’à maintenant, telle est l’ambition du projet en réalité virtuelle « La mer numérique » mené par le Centre de recherche en imagerie numérique (CDRIN) du CEGEP de Matane :
« Avec la mer numérique, on pourra visiter la mer, la vivre, la sentir, s’immerger dedans avec la réalité virtuelle, même interagir avec elle. »
Isabelle Cayer, directrice du CDRIN
Ensuite, qu’ont en commun la science, les arbres et le rock’n’roll ? Jérôme Dupras ! Professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais, chercheur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée et bassiste des Cow-Boys Fringants, Jérôme Dupras est spécialiste en économie écologique : il applique des modélisations issues de théories économiques à des milieux agricoles et forestiers afin de calculer la valeur économique des avantages que retirent les humains des services rendus par la nature. Comme les arbres rendent des services (par exemple, l’évitement des eaux de ruissellement ou encore l’amélioration de la qualité de l’air), il met en lumière les coûts que les végétaux font épargner aux municipalités. L’objectif ? Les faire changer de paradigme :
« [Les villes] vont regarder combien coûte de planter un arbre, l’entretenir, mais pas les bénéfices qui en découlent. C’est toujours vu comme une contrainte de coûts. »
Jérôme Dupras, Professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais
Le jeu vidéo au service la recherche
La matinée s’est clôturée avec une présentation du directeur exécutif des studios de production d’Ubisoft, Yves Jacquier. Selon lui, les impacts sociétaux des studios de jeux vidéo se réalisent principalement à travers un engagement dans les milieux de la recherche. Grâce à Ubisoft La Forge, le but est d’arrimer les milieux académiques et industriels en concrétisant les idées technologiques, issues de leur collaboration, en prototypes. Selon Yves Jacquier, il s’agit d’un espace « pour créer des choses ayant à la fois une signification scientifique et des qualités commercialisables ». Par exemple, Ubisoft ne fabrique pas de voiture autonome, toutefois, le studio crée des environnements de jeu ultra-réalistes (comme la carte de la Bay area de Watch Dogs 2) qui font intervenir la physique du monde réel, la météo et même des piétons semi-autonomes. L’idée est alors de mettre à la disposition des chercheurs cette ressource pour entrainer les IA des voitures autonomes. Il est quasiment impossible d’imaginer l’ensemble des comportements/réactions de l’IA sur la route. Et encore moins, de la tester et de l’entrainer « en vrai » selon tous les scénarios (impliquant des piétons, les conditions climatiques, les autres conducteurs, etc.) L’environnement du jeu vidéo devient alors très utile pour simuler la réalité et entrainer l’IA avec toutes ses variables!
L’OBVIA, des recherches intersectorielles prometteuses
L’après-midi était consacrée à la présentation de l’OBVIA, de son incubateur d’idées et des travaux de ses chercheurs avec toujours comme fil conducteur une même question : Comment préserver à la fois l’élan créatif au cœur de l’innovation et les valeurs humaines qui nous définissent ?
Très variées, les présentations ont traité de la démarche intersectorielle de l’OBVIA, de la délibération et de la consultation publique comme stratégies pour développer des solutions plus responsables en IA, de l’implantation des outils fondés sur l’IA dans les centres hospitaliers universitaires du Québec et de l’IA au service de la diversité des expressions culturelles.
En conclusion, une journée riche en découvertes et connaissances ! Si notre article a piqué votre curiosité, vous pouvez revoir les conférences sur Facebook :
Conférences de la matinée :
Conférences de l’après-midi :
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