Et faut-il se surprendre des pressions exercées par les personnes infertiles pour obtenir ce soutien, les compagnies d’assurance privées ne couvrant pas – ou pas entièrement – les dépenses encourues?
Les étapes typiques de la fécondation in vitro
Les décisions de financer la FIV connaissent en fait de grandes variations selon les pays et même selon les régions d’un pays. Souvent, des limites d’accès sont établies : les critères médicaux (cause et durée de l’infertilité, âge de la mère, nombre d’essais, etc.) côtoient fréquemment des critères sociaux (situation maritale, orientation sexuelle, enfants déjà nés, etc.) dans la sélection des candidates à la FIV.
Les tendances actuelles du financement public
Mais n’y a-t-il pas quelque étrangeté à accepter de financer avec des fonds publics une pratique (FIV avec eSET) rendue nécessaire pour résoudre un problème créé de toute pièce par la pratique de la FIV? Les grossesses multiples et leurs conséquences résultent de la stimulation ovarienne utilisée en FIV (et en insémination intra-utérine, et dans la «superovulation»). Sans FIV avec stimulation ovarienne, il n’y aurait pas eu de coûts supplémentaires à assumer par les systèmes publics de santé et donc pas d’«économies» à faire avec un changement de la pratique en faveur du eSET…
Quelques enjeux des pratiques actuelles en FIV et du financement public
Le eSET n’est pas sans effet au plan technique, clinique, éthique notamment. Il ne modifie pas la nécessité de la stimulation ovarienne qui mène à produire plusieurs ovules, donc à produire plusieurs embryons dont la plupart seront congelés avant d’être utilisés par le couple «producteur» ou donnés à d’autres couples ou à la recherche. Le problème social, éthique et juridique de l’existence et d’une éventuelle disponibilité d’embryons est reconduit, exigeant le maintien d’une structure de protection des embryons.
La banalisation relative de la FIV à laquelle nous assistons depuis quelque temps risque de s’accentuer avec le financement public : il donne à la FIV une légitimité sociale qu’elle avait peine à obtenir. Pour les couples en recherche de fertilité, il y a de fortes chances également que ce soutien financier signifie une reconnaissance sociale de l’infertilité comme un problème réel et que sa définition médicale gagne en légitimité. Il y aurait certainement une réflexion à mener comme société quand, d’un côté, on a peine à reconnaître la souffrance pouvant être liée à la difficulté de procréer et que, d’un autre côté, la reconnaissance du problème doive prendre la forme de solutions médicales à ce point problématiques.
Dans ce dossier, vous pourrez prendre connaissance des procédures multiples et complexes de la fécondation in vitro. Dans son texte, Vardit Ravistsky donne un aperçu des raisons politiques et culturelles présidant à l’adoption d’une politique de financement de la FIV en Israël. Vous pourrez entendre une entrevue avec un praticien de la FIV, le docteur Jacques Kadoch, et avec une représentante d’une association de soutien aux personnes infertiles, madame Beverly Hanck. Geneviève Daudelin vous introduit à une revue systématique internationale sur les effets des techniques de procréation médicalement assistée. Elle présente également les politiques de financement de la FIV par les régimes publics de trois pays, alors que Claude Dussault et Julie Dufour, du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec présentent la situation actuelle au Québec.
Auteur : Geneviève Daudelin, Ph.D.
RÉFÉRENCES
Sorenson C 2006. ART in the European Union. Euro Observer The Health Policy Bulletin of the European Observatory on Health Systems and Policies, 8(4):1-4.
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