Mais pourquoi est-ce pertinent, me direz-vous, que la recherche se fasse avec la participation des filles et des femmes? Parce que l’on sait aujourd’hui que le genre a une incidence réelle sur la santé. D’ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le genre représente l’un «des plus importants déterminants sociaux des inégalités en santé». Rappelons que le genre désigne «les rôles, comportements, activités, fonctions et chances qu’une société, selon la représentation qu’elle s’en fait, considère comme adéquats pour les hommes et les femmes, les garçons et les filles et les personnes qui n’ont pas une identité binaire».
De plus, l’OMS reconnaît l’impact des normes, des attentes et des rôles sociaux liés au genre sur «la vulnérabilité aux risques pour la santé» ainsi que sur la «propension à préserver sa santé et à se faire soigner». Elle préconise que les chercheurs intègrent des considérations de genre en examinant leurs données selon le genre et en étudiant les impacts genrés des interventions.
C’est la raison pour laquelle, lors de mes études doctorales, je me suis penchée sur les enjeux genrés auxquels font face les adolescentes lorsqu’elles pratiquent un sport ou une activité physique. Quoique les études scientifiques ne cessent de démontrer les bienfaits rattachés à la pratique d’une activité physique ou sportive, dans plusieurs contextes sociaux ces activités demeurent souvent orientées vers les besoins et les intérêts des garçons et des hommes. Pour mener à bien ma recherche, je me suis inspirée des méthodologies féministes participatives. Celles-ci se distinguent des méthodologies traditionnelles par leur but et leur démarche : elles visent à changer les conditions inégalitaires des filles et des femmes en collaborant avec elles dans toutes les étapes de la recherche pour mettre de l’avant leurs savoirs, leurs analyses et leurs solutions pratiques aux problèmes qui les touchent.
Lors de mes études, j’ai remarqué que peu d’outils méthodologiques en français étaient mis à la disposition des chercheuses et des chercheurs s’intéressant à cette approche alternative de faire de la recherche afin de bien saisir les inégalités de genre et d’agir sur celles-ci. Voilà pourquoi j’ai tant aimé ce guide qui se divise en quatre parties :
les principes et les méthodes;
la façon de concevoir un projet de recherche participatif;
les enjeux associés à cette méthodologie; et
les protocoles d’application de méthodes visuelles.
Ce guide est donc un outil de formation pratique et accessible qui s’adresse à ceux et à celles désirant se familiariser avec cette méthodologie qualitative non traditionnelle. Celle-ci s’arrime bien avec les méthodes visuelles participatives, dont la photovoix qui est de plus en plus utilisée dans le cadre de projets de recherche en santé publique. Enfin, j’aime ce guide, car pour bien accompagner les néophytes dans cette démarche singulière, incluant les étudiantes et les étudiants aux cycles supérieurs, il partage les leçons apprises à partir de vrais projets de recherche ainsi que des exemples concrets de protocoles de recherche. Je ne peux que vous encourager à passer à l’action : consultez le Guide pour faire de la recherche féministe participative et combattez les inégalités de genre en santé.
Lysanne Rivard
RÉFÉRENCE
Organisation mondiale de la Santé. (2018, 23 août). Genre et santé. Repéré à https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/gender
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