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Le système public de santé au Brésil en manque d'oxygène

Dernière mise à jour : 1 févr. 2021

Le tableau est sombre. Nombre de cas vertigineux, morts qu’on enterre à la verticale pour gagner de l’espace, et démissions successives de deux ministres de la Santé. Le Brésil a été durement touché par la pandémie de COVID-19.

Avec cinq millions de personnes infectées et plus de 150 000 morts, difficile d’imaginer que la situation aurait pu être pire. Et pourtant. Sans la couverture universelle du Système unique de santé, mieux connu sous l’acronyme SUS, les effets de la pandémie auraient pu être encore plus dévastateurs. C’est que le SUS prévoit l’accès à des soins gratuits à l’ensemble de la population, soit 210 millions d’habitants. Il est actuellement le plus vaste système public de santé du monde.


S’il est vrai que le nouveau coronavirus a exposé les fragilités du SUS, il a aussi permis de montrer combien il est essentiel, selon Robson Rocha De Oliveira, médecin spécialiste en santé publique et postdoctorant au sein de l’équipe In Fieri.



La naissance du Système unique de santé (SUS)

Il est important de comprendre dans quel contexte est né le SUS. Dans les années 1970-1980, le Brésil connaît une explosion de mouvements sociaux, prodémocratie, qui réclament la fin de la dictature militaire et la mise en œuvre de politiques sociales inclusives. Parmi leurs revendications, se trouve celle d’une réforme sanitaire : il faut que tous puissent bénéficier d’un accès universel aux services de santé. Le SUS naît avec la Constitution de 1988, dont l’article 196 garantit que « la santé est un droit de tous et un devoir de l’État ». Or, tous ne sont pas égaux au Brésil, où l’extrême richesse côtoie l’extrême pauvreté. Le SUS reflète ces inégalités sociales et l’accès aux soins est irrégulier. Pendant la pandémie, plusieurs États ont vu leurs systèmes de santé débordés, mais c’est surtout en dehors des grands centres urbains qu’ils n’ont pas réussi à suivre l’escalade de la demande.

Bien conçu au départ, le SUS brésilien est mal géré et souffre d’un manque de financement chronique. La fragilité du SUS devrait-elle remettre en question le bien-fondé de son existence ? Absolument pas, argumente le Dr. De Oliveira.



Un développement technologique facilité

Pour Robson Rocha De Oliveira, il est important de mettre en lumière qu’un système public de santé comme le SUS favorise le développement technologique et peut ainsi contribuer à résoudre la crise sanitaire actuelle.

Le Brésil est en effet devenu le banc d’essai mondial pour les vaccins contre la COVID-19. Quatre projets de vaccin – chinois, anglais et américains – sont actuellement testés au Brésil sur 22 000 volontaires.


Par exemple, le laboratoire médical Fiocruz, le plus grand centre de recherche médical public brésilien, est devenu le partenaire local de deux entités britanniques pour organiser la phase III des essais cliniques de leur vaccin. Ces tests ont lieu dans le réseau hospitalier des États de São Paulo et de Rio de Janeiro. Ce qui intéresse le centre Fiocruz, c’est le transfert de technologie. Éventuellement, le Brésil pourrait être indépendant dans la production de vaccins.


Si le SUS n’a pas permis de contrôler la pandémie, il en a certainement minimisé les effets. Bien qu'il soit imparfait, son existence est plus nécessaire que jamais et il ne devrait pas être privé de son oxygène : un financement décent.


Pour contacter Robson Rocha De Oliveira :

robson.rocha.de.oliveira@umontreal.ca


 

Catherine Hébert

Rédactrice scientifique

catherine.hebert.6@umontreal.ca

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