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Les technologies connectées en santé : amies ou ennemies ? (2/2)



Utilité des technologies connectées en santé

Au regard des différents exemples de technologies connectées présentées dans la première partie du billet de blogue, il en ressort trois grands axes d’utilité :

  1. Les technologies connectées qui permettent au patient de mieux se connaître, de mesurer ses paramètres et d’en prendre contrôle

  2. Les technologies à visée préventive dont le but et de surveiller et de donner l’alerte en cas de problème

  3. Les technologies de coaching ou d’éducation qui visent à développer certaines compétences et connaissances chez l’utilisateur, à l’aider à se fixer des objectifs de santé et à mieux la prendre en main de façon optimale

Compte tenu de ces axes, les technologies connectées implantées dans les milieux de soins pourraient présenter divers avantages pour le patient ou l’utilisateur, pour les médecins et pour le système de santé de façon globale.


Quelques avantages de l’implantation des technologies connectées en milieu de soin

Pour le patient ou l’utilisateur

Une meilleure surveillance des paramètres de santé surtout chez les patients à risque ou porteurs de maladies chroniques permet d’éviter les détériorations subites de leur état de santé ou de les anticiper au mieux.

Pour les médecins, les professionnels de la santé et les scientifiques 

Le fait d’avoir accès à des données enregistrées en temps réel permet aux médecins d’accéder à des données précieuses qu’ils n’auraient pas en se basant uniquement sur la consultation ponctuelle en clinique à un moment donné. Ceci leur permet de mieux adapter les thérapeutiques en fonction des patients. La surveillance du patient permet aussi aux professionnels de la santé d’avoir accès à des données parfois importantes et difficilement évaluables telles que l’activité physique, l’énergie dépensée par le patient ou même la qualité de son sommeil, ce qui permet d’évaluer de façon plus objective les facteurs de risques liés aux habitudes de vie et aux comportements quotidiens des individus et des patients.

Pour les scientifiques et les chercheurs de telles données recueillies permettent de faire avancer les connaissances scientifiques et de mieux comprendre certains phénomènes de santé.


Pour les systèmes de santé

L’utilisation des technologies connectées permet d’améliorer la durée et la qualité de vie des patients et la qualité des soins, ce qui a un impact direct sur les systèmes de soins et sur les coûts liés à la santé. En assurant une prise en charge précoce de certaines complications chez les personnes à risque et une réduction des soins systématiques chez les patients qui n’en ont pas besoin, en fournissant aux patients atteints de maladies chroniques des outils pour mieux prendre en charge leur santé, nous réduisons forcément les coûts de la santé.

Les technologies connectées étant accessibles à distance, elles permettent aussi d’améliorer l’accessibilité des patients aux soins à leurs médecins et aux médecins spécialistes, Ceci réduirait les temps d’attente avant d’être pris en charge, ce qui influencerait positivement le système de santé et de soins.


Les barrières et les risques face à l’utilisation des technologies connectées en santé 

Malgré tous les avantages cités plus haut, les avis des utilisateurs et des médecins face à l’utilisation des technologies connectées en santé restent mitigés. Certaines barrières et risques sont perçus par les différentes catégories d’utilisateurs.


Les technologies connectées : amies ou ennemies ?

Le débat sur l’utilisation et l’implantation des technologies connectées dans les milieux de santé est loin d’être terminé. Leurs avantages théoriques sont indéniables et on est souvent soufflé par l’ingéniosité des inventions. Cependant les appréhensions restent légitimes et compréhensibles d’autant plus que le courant de « l’Ère connectée » avance à grand pas si bien qu’il devient difficile de prendre du recul pour réfléchir. Les questions de stockage, de confidentialité des données et les aspects juridiques sont préoccupants et méritent d’être étudiés en profondeur afin d’établir des lignes directrices et des balises communes face à un tel projet.

L’introduction des technologies connectées en santé bouleverse certainement les principes de base du fonctionnement médecin-patient connu jusque-là, dans la mesure où le médecin est amené à rencontrer virtuellement son patient, à le traiter à distance et que le patient devient plus impliqué dans la prise en charge de sa santé et de sa maladie. Ainsi le système de soins et de santé pousse les murs des cliniques, des hôpitaux et des institutions de soins et devient presque omniprésent dans la communauté. Basculer dans une médecine de santé connectée nécessite aussi que les professionnels de la santé possèdent des appareils mobiles et qu’ils s’approprient la maîtrise d’outils et de logiciels nouveaux. Un tel changement passe forcément par un changement de culture et de vision et nécessite du temps, mais aussi suffisamment de données scientifiques justifiant son utilité pour l’amélioration de la santé à l’échelle d’une population. Or, de façon générale, et même si la recherche s’active dans ce sens, il existe à l’heure actuelle très peu d’écrits et d’études concluantes sur les conséquences à grande échelle de l’implantation des technologies connectées en santé, même si certaines technologies sont plus documentées que d’autres.

Même si le monde des technologies connectées continue à évoluer à grand pas et à nous proposer tous les jours des objets révolutionnaires et créatifs, il faudrait attendre encore quelques années, pour voir publier les résultats des études en cours sur ce sujet. Ces études qui apporteront plus de données tangibles sur la pertinence et l’utilité de l’implantation de ces technologies à grande échelle dans les systèmes de santé permettront de mieux trancher en faveur ou en défaveur de l’adoption d’une telle démarche. Il faudra aussi se poser des questions liées au financement de ces technologies et aux ressources qui y seront allouées sachant que les dépenses du secteur de santé sont déjà très élevées dans les pays développés et que les gouvernements travaillent à réduire les budgets et les dépenses de ce secteur.  A suivre … !

Janine Badr

Université de Montréal


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En donnant la chance à des étudiants de publier des articles vulgarisés sur des problématiques de santé publique, Hinnovic s’assure de donner la parole à la relève!

RÉFÉRENCES


  1. HAS. (2016). Référentiel de bonnes pratiques sur les applications et les objets connectés en santé (Mobile Health ou mHealth). Récupéré de: http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2016-11/has_ref_apps_oc.pdf

  2. Ifop. (2013). Les objets connectés au centre d’un nouvel écosystème de santé ?. Récupéré de: http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=2426

  3. Ordre national des médecins. (2015). Santé connectée. De la e-santé à la santé connectée. Livre blanc du Conseil national de l’Ordre des Médecins.   https://www.conseil-national.medecin.fr/node/1558

  4. Paré, G., & Bourget, C. (2017). Diffusion de la santé connectée au Canada et ailleurs dans le monde. Présentation. Chaire de recherche en santé connectée, HEC Montréal. Récupéré de: https://www.youtube.com/watch?v=uW2H4ICnFhY

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