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Les Kiwis ne sont pas seulement reconnus pour leur équipe de rugby et leurs majestueuses montagnes. Alors qu’au Québec les médicaments prescrits nous coûtent de plus en plus chers, les Néo-Zélandais voient les prix dégringoler jusqu’à 97,5% (Gagnon, 2010). Comment cela est-il possible?
La réponse se trouve dans leurs politiques pharmaceutiques. En 1993, le gouvernement de la Nouvelle-Zélande a mis sur pied Pharmac, une agence d’achat de médicaments. Son objectif : contrer la hausse des coûts des médicaments pour assurer l’amélioration du système de santé (Gagnon, 2010). Avec Pharmac, le gouvernement obtient des médicaments à prix bon marché pour sa population. Ainsi, les ressources financières économisées grâce à cette agence permettent de financer le système de santé de manière à ce qu’il soit plus accessible à la population.
Une telle mesure, en plus de l’assurance médicaments publique offerte à tous les Néo-Zélandais, a engendré une minime croissance de 0,15% des coûts des médicaments prescrits par habitant entre 1996 et 2006. Pendant ce temps, de l’autre côté du globe, le Québec faisait face à une hausse 70 fois plus élevée qu’en Nouvelle-Zélande, c’est-à-dire une hausse de 10,9% ! (Gagnon, 2010).
Mais comment fonctionne Pharmac? Brièvement, l’agence fonctionne selon un système d’appel d’offres pour les médicaments vendus au pays. Par la suite, l’agence choisit une entreprise pharmaceutique avec qui elle fera affaire. Dans ce système, les médicaments brevetés (par exemple les Advil) sont en perpétuelle concurrence avec les génériques de même qualité thérapeutique (par exemple, tout Ibuprofène de marque maison retrouvé en pharmacie) (Gagnon, 2010). Et en économie, plus il y a de concurrence, plus les prix baissent! C’est pourquoi Pharmac génère une baisse de prix majeure sur les médicaments, qui peut aller jusqu’à 97,5%.
La différence majeure entre le système de la Nouvelle-Zélande et celui du Canada réside dans son pouvoir d’achat. D’un côté, au Canada, ce sont les gouvernements provinciaux, et non le gouvernement fédéral, qui sont responsables de l’achat des médicaments. De plus, chaque gouvernement a sa propre façon de procéder. En moyenne au pays, le secteur privé détermine le prix d’environ 60% des médicaments vendus. Le pouvoir d’achat des provinces dans le dossier des médicaments est donc limité, c’est-à-dire qu’elles exercent une influence modeste sur la fixation des prix des médicaments.
D’un autre côté, en Nouvelle-Zélande, la situation est bien différente. En effet, le gouvernement néo-zélandais détient tout le pouvoir d’achat pour tout le pays. Contrairement au gouvernement fédéral canadien, il possède le monopole d’achat. De plus, Pharmac établit les prix de tous les médicaments sur le marché et exerce une pression sur les tarifs afin que ceux-ci soient le plus bas possible. C’est ainsi que Pharmac arrive à acheter plus de médicaments à moindres coûts, représentant des économies énormes pour les Néo-Zélandais.
Quoi donc retenir de l’exemple néo-zélandais ? Pour réduire les coûts des médicaments, il faut que le gouvernement ait le gros bout du bâton, et non les compagnies pharmaceutiques. C’est à l’État d’imposer les prix aux entreprises, et non l’inverse. Si le Canada mettait sur pied un système comme Pharmac, il pourrait économiser près de 10,2 milliards de dollars sur le coût de ses médicaments prescrits. Pour le Québec, qui achète 27% des médicaments prescrits au pays, l’économie s’élèverait à 2,75 milliards. Ceci réduirait les coûts de médicaments prescrits de 40% (Gagnon, 2010).
Considérant que plus on investit pour les médicaments, moins il reste d’argent disponible pour l’accessibilité aux soins de santé de première ligne, il serait peut-être temps que le gouvernement agisse! Troquer l’enrichissement des compagnies pharmaceutiques contre un médecin de famille pour chaque Québécois nous semble une option intéressante…
Andréanne Comeau-Aubé
Charlène Forget
Étudiantes POL5831 : Administration de la politique sociale de l’état (session Hiver 2016) Université du Québec à Montréal
En donnant la chance à des étudiants de publier des articles vulgarisés sur des problématiques de santé publique, Hinnovic s’assure de donner la parole à la relève!
RÉFÉRENCES
Gagnon, M-A. (2010, octobre). Le modèle kiwi : Comprendre la politique néo-zélandaise d’achat de médicaments prescrits. Communication donnée à la journée d’étude de l’Union des Consommateurs sur le contrôle du coût des médicaments. Montréal : Université du Québec à Montréal (UQAM).
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