Une mygale Thrixopelma pruriens. Crédit : Yale University.
Le venin d’une mygale pourrait mener à la création d’un antidouleur puissant.
Que vous soyez arachnophobe ou non, vous n’aimeriez pas croiser cette espèce de mygale dans la nature. Et vous auriez raison, puisqu’à l’instar des deux autres espèces de mygale réparties dans les Amériques, Thrixopelma pruriens peut vous envoyer un bombardement de poils urticants si elle se sent attaquée. Mais comme toutes les araignées, elle peut aussi vous mordre en utilisant les crochets à l’extrémité de ses chélicères. En quelques secondes, elle vous administre un puissant neurotoxique qui a la fonction de s’attaquer au système nerveux périphérique. La morsure est très rarement mortelle, mais cause un œdème local important, des vomissements et bien sûr une nécrose au niveau de la zone mordue. Rassurez-vous, il existe un antivenin.
Vous vous dites, venin = pas bien. Eh bien détrompez-vous. Lors des 60e rencontres annuelles de la Biophysical Society à Los Angeles, une équipe de chercheurs de l’Université du Queensland à Brisbane en Australie a présenté des résultats de recherche visant à extraire une toxine présente dans le venin de cette espèce de mygale. ProTx-II est une toxine peptidique qui a la particularité d’inhiber fortement les récepteurs liés à la sensation de douleur. Plus précisément, cette toxine « se lie aux récepteurs de la douleur situés à l’intérieur des cellules neuronales ». D’autres études se sont déjà intéressées à cette particularité de liaison avec les récepteurs de la douleur, mais c’est la première fois qu’on s’intéresse particulièrement à la membrane cellulaire.
Il reste encore à mieux cerner le lieu exact de l’inhibition et l’importance de la membrane cellulaire, mais l’équipe de Sónia Troeira Henriques pense pouvoir faire avancer sensiblement la création d’une classe d’antidouleurs plus efficaces et beaucoup moins addictifs. Souvenez-vous de Thrixopelma pruriens, car la toxine de son venin pourrait un jour vous permettre de soulager fortement une douleur aiguë ou chronique.
Auteur :Jérémy Bouchez Hinnovic.org
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