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Serait-on sur le point de trouver la clé pour guérir du VIH?


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C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude canadienne à laquelle a collaboré Hugo Soudeyns, chercheur au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et directeur du Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal.

L’étude, dont les résultats ont été publiés récemment dans la revue scientifique américaine Clinical Infectious Diseases, est le fruit d’une collaboration entre le CHU Sainte-Justine, l’Hôpital pour enfants malades de l’Université de Toronto et le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario affilié à l’Université d’Ottawa.

M. Soudeyns et ses collègues canadiens, dont Fatima Kakkar, Ari Bitnun, Jason Brophy, Lindy Samson et Stanley Read, ont scruté les registres des naissances survenues au cours des 15 dernières années dans ces trois hôpitaux.

Ils ont répertorié 136 bébés nés d’une mère atteinte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et qui ont tous été soumis à une trithérapie moins de 72 heures après leur naissance. Douze d’entre eux ont néanmoins été infectés par la souche du VIH dont leur mère était porteuse. Toutefois, chez quatre d’entre eux, la charge virale est devenue indétectable au fil des traitements.


Le bébé du Mississippi

Ces quatre cas sont identiques à celui qu’il est convenu d’appeler «le bébé du Mississippi». En 2010, dans une clinique de cet État du sud des États-Unis, une fillette est née à 35 semaines d’une mère porteuse du VIH n’ayant pas été traitée pendant sa grossesse. Trente heures après sa naissance, le poupon a reçu un traitement aux antirétroviraux combinés.

La charge virale chez ce bébé a alors progressivement disparu : le VIH est devenu indécelable dans son sang.

La fillette a été traitée jusqu’à l’âge de 15 mois, après quoi la famille a cessé le traitement. Et, bien qu’elle ait été privée de ces soins, le VIH est demeuré indétectable lorsque les médecins l’ont revue à 23 mois, tout comme à deux ans et demi.

En octobre 2013, la Dre Deborah Persaud, de l’Université Johns Hopkins, à Baltimore, signait une étude publiée dans le New England Journal of Medicine qui relatait le cas du bébé du Mississippi. L’étude concluait à une possible «guérison fonctionnelle», attribuable à un traitement précoce par antirétroviraux combinés.


Une piste de recherche prometteuse


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Toutefois, en juin dernier, la Dre Persaud annonçait qu’après 27 mois sans traitement le VIH était réapparu chez la fillette, maintenant âgée de quatre ans. Et le virus détecté est identique à celui de la mère.

«Cela montre que le système immunitaire de cette enfant est parvenu à maîtriser la maladie et qu’il a forcé le virus à se cacher, explique M. Soudeyns (photo de droite). Cette situation soulève des questions auxquelles notre étude canadienne s’intéresse, à savoir comment la réponse immunitaire s’est organisée pendant les 27 mois où l’enfant n’a reçu aucun traitement et où le virus s’est caché.»

Selon lui, il pourrait s’agir d’un anticorps présent en très petite quantité dans l’organisme, mais dont l’efficacité serait très grande.

Récemment, M. Soudeyns et ses collègues ont demandé aux Instituts de recherche en santé du Canada de financer une étude qui vise à recueillir les données relatives à 250 enfants infectés par le VIH et soignés dans 10 hôpitaux du pays. L’objectif consiste à mieux cerner les mécanismes immunitaires qui forcent le virus à se terrer et à mettre au jour ces refuges pour y traquer le VIH.

«Les travaux menés au cours des deux ou trois dernières années permettent de croire qu’on pourra vaincre le VIH, et non plus seulement en circonscrire la présence, dit Hugo Soudeyns avec un certain optimisme. Nous pensons avoir trouvé une piste qui laisse penser qu’un jour un vaccin sera capable de bloquer la transmission du VIH, et ce, même entre adultes.»

 

Transmission du VIH aux nouveau-nés : peu de cas au Canada

Les cas de transmission du VIH de la mère à l’enfant sont relativement rares au Canada : en moyenne, on en répertorie moins d’une demi-douzaine par année, et ce, depuis environ une décennie. Il n’y a en outre eu aucun cas de transmission au nouveau-né au pays en 2012. Ce faible taux de transmission est attribuable à l’efficacité des protocoles de traitement observés (thérapie avec des combinaisons d’antirétroviraux) et au suivi généralement rigoureux dont bénéficient les femmes enceintes infectées par le VIH et leurs enfants.

Cet article a été publié en premier lieu sur Forum, l’hebdomadaire d’information de l’Université de Montréal.

Auteur : Martin Lasalle Forum

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