Surpasser la nature est la raison de vivre du transhumanisme, «un courant né aux États-Unis dans les années 80 qui prône le développement et l’utilisation des nouvelles technologies pour réparer, améliorer, surpasser l’être humain.» On pourra lire à ce sujet ce billet assez détaillé de Sophie Félix sur le site de l’Agence Science-Presse. Si le 20e siècle a été celui du fantasme de l’homme augmenté apparaissant dans la science-fiction, le 21e verra très probablement l’émergence d’Homo sapiens cyborgus.
Durant plusieurs décennies, le cinéma a été friand de l’homme-robot
Bien avant les années 80, le 7e art s’est emparé des thèmes du transhumanisme, de l’humain amélioré et de la transcendance des capacités humaines, mais il faudra attendre que des progrès soient réalisés dans le domaine des automatismes (eux-mêmes résultant de la cybernétique post Seconde Guerre mondiale de Norbert Wiener) pour voir apparaître les premiers personnages fictifs d’êtres humains possédant des attributs de robots ou de machines.
Même les séries télé ont commencé a coller à la mode des cyborgs dans le courant des années 70. On repensera à la série ‘’The Six Million Dollar Man’’ aux États-Unis qui relatait la nouvelle vie d’un ancien astronaute de la NASA grièvement blessé lors d’un test d’avion expérimental. Aux frontières de la mort, Steve Austin (Lee Majors) est choisi par l’Office of Scientific Intelligence dans le cadre d’un programme expérimental visant à améliorer fortement ses capacités humaines. Il reçoit ainsi des implants robotiques qui remplacent ses membres ou sens non fonctionnels. Austin devient clairement un cyborg, contraction de l’anglais « cybernetic organism », avec deux jambes, un bras et un œil «bioniques», c’est-à-dire des organes robotiques qui remplacent et améliorent les fonctions de ses organes biologiques déficients ou manquants. La série s’est elle-même inspirée d’une série de quatre romans de science-fiction de Martin Caidin.
Impossible également de ne pas mentionner Darth Vader quand on parle des
Ce ne sont là que quelques exemples parmi beaucoup d’autres présents soit dans la littérature de science-fiction, soit dans les œuvres cinématographiques ou télévisuelles de science-fiction. Pourrait-on dire que ces œuvres sont le reflet d’une époque durant laquelle les améliorations des capacités biologiques d’Homo sapiens étaient un fantasme par le fait même d’être hors de notre portée technologique et scientifique? Personnellement, je le pense. Ce qui appartient au futur et à l’irréalisable attire beaucoup d’entre nous.
2015 : pas de Robocop ni de Steve Austin, mais des Hugh Herr!
Le futur dans les films de science-fiction du siècle dernier, nous y sommes. Justement, en 2015, est-on capable de greffer des membres robotisés à un Homo sapiens amputé et surtout de faire interagir ces prothèses avec le reste du corps? La réponse est oui!
Hugh Herr ne vaut pas 6 million de dollars, ni ses jambes bioniques (quelques dizaines de milliers de dollars pour info), mais ces dernières
Il y a encore beaucoup de travail avant de rivaliser totalement avec l’ingénierie naturelle, mais les recherches avancent si vite que Hugh Herr pense comme d’autres experts qu’il faudra au maximum 20 ans avant de voir des prothèses pouvoir défier les capacités des membres biologiques (voir le reportage de France 2 dans notre capsule).
Les cyborgs sont donc pratiquement devenus une réalité et il se pose évidemment de nombreuses questions d’éthique face à l’émergence d’êtres humains modifiés. On pense déjà aux dérives possibles impliquant des individus aux capacités physiques augmentées et à l’utilisation que pourraient en faire les états ou des multinationales puissantes. Il faudra évidemment ériger des garde-fous au risque de voir apparaître des Steve Austin qui n’agiront pas forcément comme celui de la série des années 70…
Pour aller plus loin :
Voici un très bon documentaire de l’émission Infrarouge de France 2. Au menu, le transhumanisme et l’homme augmenté. :
Comments