Les liens sociaux entre les animaux et les êtres humains, une relation de longue date
Il faut remonter à une période reculée dans l’histoire des hommes pour trouver les prémices d’une relation privilégiée entre des animaux et des peuplades nomades, bien avant les débuts de sédentarisation de notre espèce. Des recherches tendent en effet à montrer qu’il y a 33 000 ans, des peuplades ont développé un début de relation étroite avec des chiens sauvages descendants des loups . Plus tard, vers 12 000 avant J-C, on a retrouvé des sépultures dans lesquelles des chiens étaient enterrés avec des êtres humains, signe que les canidés étaient parfois traités comme des êtres méritant une place aux côtés des défunts.
Dès lors, les liens sociaux privilégiés entre certaines espèces et Homo sapiens n’ont cessé de s’étoffer, à tel point que le chien est par exemple qualifié de nos jours de «meilleur ami» de l’homme. Cependant, d’autres espèces occupent elles aussi une place privilégiée à nos côtés depuis également plusieurs millénaires. De façon bien sûr non exhaustive, on peut citer les chats, les chevaux, les oiseaux ou encore les grands singes.
La lente prise de conscience des bienfaits des relations sociales avec les animaux
Malgré les lents rapprochements entre notre espèce et certains animaux, ces derniers ont longtemps été confinés exclusivement à des rôles ingrats ou tout simplement comme pourvoyeurs de nourriture. Il faudra attendre le début des années 1700 avec l’avènement du Siècle des Lumières pour voir apparaître des changements dans la perception des animaux par le public. L’être humain descendait alors de quelques marches sur l’escalier séparant le monde animal de Dieu. Ces changements se caractérisaient par «une augmentation de l’empathie envers les animaux et la nature ainsi qu’une atténuation de la vision anthropocentriste qui caractérisa le Moyen-Âge et la renaissance» telle que l’a décrit l’historien Joyce Salisbury dans son livre The Beast Within : Animals in the Middle Ages.
Les maladies mentales comme terrain privilégié de la thérapie assistée par l’animal
On attribue à un quaker anglais du nom de William Tuke l’idée que des patients souffrant de problèmes mentaux puissent améliorer leur capacité de socialisation et de concentration en développant des relations avec des animaux. En 1796, Tuke ouvre le York Retreat, un établissement réservé au traitement des maladies mentales et au sein duquel les méthodes conventionnelles de l’époque (inhumaines dans la grande majorité des cas) sont oubliées au profit de pratiques innovantes, dont celle de permettre aux malades de déambuler dans les jardins tout en interagissant avec des animaux comme des lapins, des oiseaux de proie ou des animaux de basse-cour comme des oies.
Même si l’idée d’avoir recours à des animaux pour améliorer la santé de certains patients a en premier lieu été expérimentée avec des individus souffrant de troubles mentaux, la thérapie assistée par l’animal est de nos jours de plus en plus pertinente dans les cas de troubles du développement et du comportement. Les effets bénéfiques de la TAA sont de plus en plus corroborés par des études scientifiques récentes qui attestent d’un effet quantifiable sur certains marqueurs physiologiques.
Les animaux et la réduction du stress chez les enfants atteints du trouble du spectre de l’autisme.
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) «est le résultat de problèmes médicaux qui ont comme conséquence l’apparition de troubles graves et envahissants du développement chez les très jeunes enfants. Le TSA n’est pas une maladie mentale et n’est en aucun cas relié à des problèmes psychologiques.»
Les symptômes liés au TSA sont nombreux, mais de façon générale il s’agit de troubles de socialisation incluant des crises ou des peurs inhabituelles. Chez les enfants autistes, réussir à contrôler le niveau de stress est très important. C’est là que les animaux et plus particulièrement les chiens ou les chevaux entrent en scène. De récentes études ont montré que les enfants autistes accompagnés de chiens d’assistance développent une diminution de leur taux de cortisol réactif, une hormone sécrétée en permanence par les glandes surrénales de notre corps, mais qui peut atteindre des niveaux élevés en cas de présence d’un agent stressant. Ainsi, dans le cadre d’une étude menée auprès de 42 enfants autistes, une équipe dirigée par Sonia Lupien (neuropsychiatre et directrice scientifique à l’Institut Universitaire de santé mentale de Montréal) a démontré une diminution du taux de cortisol chez les enfants grâce à la présence des chiens guides (issus de la Fondation Mira). Les familles ont pu constater une amélioration du sommeil et une diminution de la fréquence et de l’intensité des crises chez les enfants qui ont participé à l’étude. L’émission de vulgarisation scientifique Le Code Chastenay a d’ailleurs réalisé ce reportage qui explique très bien les résultats de cette étude.
Comme mentionné plus haut, il existe également des effets bénéfiques sur les taux de cortisol réactifs des enfants autistes mis en contact avec des chevaux, plus particulièrement dans le cas de pratiques équestres. Dans ce cas, on parle d’«hyppothérapie». Il est important de mentionner qu’on a d’abord fait appel aux chevaux pour aider à la «diminution de troubles du mouvement associés à plusieurs pathologies neurologiques et neuromusculaires.» C’est ce que mentionne une étude publiée en 2012 dans la revue Neurochemichal Journal. L’équipe regroupant plusieurs chercheurs de l’Université d’Estrémadure en Espagne a effectué des relevés salivaires immédiatement après que des enfants de 8 à 16 ans atteints de TSA eurent effectué une session équestre consistant en un rapprochement avec le cheval, un parcours dans lequel les enfants devaient donner des ordres simples à l’animal et finalement en descendre tout en enlevant le harnais et en interagissant une nouvelle fois avec l’équidé. En montant sur les chevaux, les enfants voyaient une forte diminution de leurs gestes répétitifs et de leur comportement altérés. Surtout, le taux de cortisol réactif a également diminué chez les enfants après avoir interagi avec les chevaux.
Des résultats bénéfiques évidents, mais une prudence scientifique nécessaire dans certains cas.
Il est important de mentionner qu’il existe des voix discordantes quant aux bienfaits de la TAA. Il est en effet maintenant démontré grâce à l’analyse de marqueurs physiologiques que les troubles du développement et du comportement peuvent être réduits en faisant appel à l’effet calmant de certains animaux comme les chiens d’assistance ou les chevaux. Cependant, selon certains spécialistes, il reste encore à étudier si l’interaction avec des animaux chez des personnes possédant certains troubles est susceptible d’avoir des effets bénéfiques sur leur santé.
Finalement et comme le mentionne Sonia Lupien dans le reportage du Code Chastenay, les enfants autistes développent une symbiose avec l’animal, ce qui laisserait penser que les animaux eux-mêmes bénéficieraient des interactions avec les enfants.
Pour aller plus loin :
Un article qui passe en revue six études sur les effets des chiens d’assistance dans des cas de spectre du trouble de l’autisme. Accès vers l’article.
(Berry & Al,. (2012). Use of assistance and therapy dogs for children with autism spectrum disorders: a critical review of the current evidence. The Journal of Alternative and Complementary Medecine. Volume 18, Number 00, 2012, pp. 1–8)
Le site internet de Zoothérapie Québec : http://zootherapiequebec.ca/
Vidéo : le programme de la Fondation Mira relatif à l’introduction de chiens d’assistance dans les familles d’enfants autistes : http://www.mira.ca/fr/plus/1/15/familles-et-autisme_0337.html
La page de l’Institut Douglas en santé mentale dédiée à la thérapie assistée par l’animal : http://www.douglas.qc.ca/info/zootherapie
Auteur :Jérémy Bouchez Hinnovic.org
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